
Chapitre XXII.
La fuite à rebours
Pierre avait pris son sac, il était sorti par la cuisine, sans réfléchir, il ignorait d’ailleurs la porte d’entrée principale qui donnait sur le salon, Coco ne s’en servait pas non plus. Il sortit par derrière, par le jardin qu’il avait pris le temps d’aimer, il partit comme un voleur qui s’ignore, il le savait mais il se le cachait, il volait quelque chose, mais sa colère lui donnait raison.
– « Je vole une tricheuse ! » Voilà ce qu’il se disait, « ce sont des masques qui portent des masques, leur visage même est un masque ! » Il passa devant les rosiers en se bouchant le nez et en écrasant les herbes avec ses chaussures de ville. Il poussa la petite grille qui donnait, et donne encore aujourd’hui, sur l’ancien chemin forestier et prit tout de suite à droite pour rejoindre la route de Le Lumbres, il accéléra le pas, il courait presque et atteignit l’arrêt de bus. Il n’avait rien calculé mais le car arriva à cet instant. Il monta dedans, le chauffeur préféré de Coco ne le reconnut pas : il était de nouveau un mec. Il se sentait un peu serré dans le pantalon, question d’habitude, mais le cœur serrait aussi, il réalisa qu’il avait envie de pleurer. Il se concentra sur sa colère : « des connasses ! Des salopes ! » Il s’imaginait les copains en train de rire à plusieurs devant les photos d’un portable, il entendait leurs commentaires. Le jour n’en finissait pas de finir, des champs et des prés défilaient indifférents en balançant des herbes et des tiges qui rigolaient en titubant bêtement sous le vent tiède, comme des ivrognes. Une secousse survint, il se cogna presque le menton sur le dossier du siège devant lui, le car avait freiné sur la route sèche et Pierre vit deux biches disparaître en sautant dans les blés. Le bus redémarra aussitôt, et puis le bourg fut là. Pierre descendit à l’arrêt « des Lyciets » et marcha rapidement vers la gare. « Je rentre ! Qu’est-ce que je leur dirait aux autres ? Et ta mère ? Et ta sœur ? Comme ils disent. » Le quai était quasiment désert, un train arriva, ce n’était pas celui pour Bourgoin, celui qu’il devait prendre mais il y monta quand même, l’essentiel était de partir, on verrait après. Les voitures étaient aussi vides que le quai, il prit la première place en entrant et observa les deux rangées de sièges inoccupées alignées comme des soldats de plomb. La voiture sursauta et cria quelques injures de ferraille et le quai glissa comme un tapis roulant. Il se demanda ce qu’il pourrait bien dire au contrôleur s’il passait. Il ferma les yeux un instant, les ouvrit et vit les arbres en fleurs s’enfuir à la queue leu-leu. Il eu envie d’en sentir l’odeur et se leva pour baisser un peu la fenêtre, il en fut recoiffé et ses cheveux s’accrochèrent l’un à l’autre, il sentit comme un poids sur la tête, se rassit et l’oiseau sauta sur la banquette qui lui faisait face. Pierre retira le sac de son dos et le cahier volé tomba sur le sol, Pierre ne fermait jamais son sac, Irène le ramassa et le lui tendit. Pierre le prit et le regarda bêtement.
-« Ouvre le Pierre! » Il l’ouvrit par le milieu et lut au hasard:
11 Mars : « C’est lui, j’en suis sûr » Les deux pages sont salies par le passage d’une gomme usagée.
13 Mars : « Oui, c’est lui »
L’écriture était hachée, pas tremblante mais aiguë, avec des fins de lettres qui traînaient comme pour durer plus longtemps. Il y avait des pages blanches qu’il fallait tourner pour poursuivre.
18 Mars : Encore une page blanche mais gommée. Pierre croit voir le nom « Pierre » effacé et réécrit en grand par dessus.
22 Mars : Il ne m’a pas reconnue, moi si, je ne pense qu’à lui, c’est mon bonheur d’avant que Mamie reine ne revienne pas. ! »
23 Mars : Il a sûrement une copine, laisse tomber.
26 Mars : De toutes façons, les rochers aux crabes et Fifi brin d’acier il s’en fout maintenant, c’est un mec comme les autres, il veut des filles à baiser ! Laisse tomber Catherine, laisse tomber. Il y avait comme une trace claire au milieu de la page qui avait bleui le papier, un peu plus au centre et s’évaporant vers l’extérieur.
27 Mars : RIEN, c’était vraiment écrit: rien.
28 Mars : Rien et puis plus rien et encore rien.
31 Mars : Il est là, à la maison. Je rêve, c’est pas possible!
Pierre lâcha le cahier, il flageolait, le film passait en accéléré comme si il allait mourir : Le chauffeur de car l’avait appelée Catherine ! Et même Irène dans l’atelier de la machine à tricoter avait dit « ma Cathie ». « Elle s’appelle Catherine pas Coco! Elle joue ! À quoi ? »
Il eut froid et sentit l’humidité de sa peau, mais c’était un souvenir, quand leurs joues s’étaient touchées. Il ferma les yeux et la revit .
« Ils ont dix ans, non onze puisque il avait eu monsieur Stefanzick cette année là, dernière classe avant le Lycée. Il n’y avait pas grand monde à l’époque dans ces villages côtiers qui font face à l’Angleterre, la mer reste froide presque tout l’été. Catherine et Pierre sont du même âge et ils se sont retrouvés ensemble à jouer tous les jours, dans les rochers, les galets et sur la falaise. Il y avait aussi François Ferdinand qui était sans doute plus âgé mais pas dans la tête et pas du même monde : il ne parlait pas comme eux, par exemple il prononçait le mot plage en tirant longuement la lèvre inférieure vers le bas et une pince à linge invisible sur le nez: « plâage » et il parlait de crustacés pour un crabe alors que Catherine elle disait des clapards et des tourteaux. Il portait la plus part du temps des maillots légers blancs avec un petit crocodile vert clair et des shorts sans plis qui lui descendaient jusqu’aux genoux. Sa conversation était étrange, il appelait par exemple les pêcheurs ou paysans de la côte des indigènes sauf le couple Harduin qui tenait la ferme où il séjournait, ceux là étaient « NOS gens ». Il avait une fois invité Pierre à goûter et la mère Harduin leur avait servi une tarte aux pruneaux ma foi tout ce qu’il y avait de bien, François Ferdinand, lui, en avait écarté tous les pruneaux, avait avalé une bouchée de flan pas marron, que du jaune, et avait finalement extirpé d’une armoire une boite ronde dans laquelle se trouvaient des barres de céréales caramélisées. Ils avaient ensuite joué avec de drôles de grands maillets en bois qu’il fallait tenir par le manche, pieds légèrement écartés, un peu courbé, on s’en servait pour taper dans des boules de bois qui devaient franchir des cerceaux en fil de fer. Pierre s’était bien ennuyé, il avait de plus cassé un marteau en frappant, volontairement, une pierre et envoyé deux boules dans la fosse à purin. On ne l’avait plus réinvité. Du reste François Ferdinand n’était présent en été que par intermittence, une grosse voiture gris argentée le déposait, un soir le plus souvent, un homme avec une casquette en sortait et lui ouvrait la portière, et puis la voiture repartait pour revenir quelques jours plus tard le chercher. François Ferdinand sortait un peu et marchait parfois sur la plage tenant en laisse un petit chien frisé habillé d’une sorte de chandail plus jaune que ses poils et qui laissait dépasser la tête et la queue.
Catherine connaissait des chansons et Pierre finit par les apprendre à force de les entendre, surtout celle des « compagnons de la marjolaine » qui eut leur préférence car l’une chantait la question et l’autre y répondait et le « guet guet dessus le guet » était repris en chœur. De plus Pierre était chevalier et ça lui plaisait. Ils jouaient souvent aux pirates et découvraient des îles inconnues sur les cartes et puis Catherine, un jour, avait ouvert devant Pierre son livre illustré de « Pipi Grandes Chaussettes », Pierre avait ri car il pensait qu’elle faisait pipi dans ses chaussettes et Catherine décida de l’appeler « Fifi brin d’acier ». C’était un de ces livres pour lecteur débutant, pas une bande dessinée mais avec quelques illustrations quand même qui semblent avoir été faites aux crayons de couleur. Il y avait celle du lit en fer qui monte au ciel accroché à une montgolfière et les enfants debout dedans, ça les avait inspirés Catherine et Pierre et avec des vieilles palettes échouées, des grosses cordes vertes incrustées des coquillages que la mer apporte à marée haute et coince dans les rochers comme des trophées pour les reprendre plus tard, ils s’étaient construit une nacelle amphibie avec la quelle ils se déplaçaient aussi bien dans les airs avec les mouettes que dans les cavernes sous-marines avec les pieuvres. Au cours d’une halte dans une île chevelue peuplée de dromadaires à plumes, Pierre avait sorti de son sac un album illustré avec des images de géants ne disposant que d’un seul œil au milieu du front et qui jetaient des pierres du haut des falaises, il y avait aussi des éclairs lancés par une main puissante sur des voiliers en perdition, une jeune dame seule dans une grande sale sombre tirant des fils sur un ouvrage sans fin, et des femmes poissons sautant comme des dauphins autour d’une grande barque avec un mat : Au mat était attaché un homme. Ils lurent l’histoire et décidèrent d’y jouer, Catherine avait prétendu jouer le rôle d’Ulysse mais céda aux protestations de Pierre et opta pour un rôle de sirène qu’elle préférait à celui de Pénélope. Ils avaient donc aménagé la nacelle aérienne en navire phocéen et arrimé un mat au milieu à l’aide des cordages déjà rassemblés pour Fifi brin d’acier. Ils attendirent que les premières vagues de marée haute cognent sur la coque et Catherine baissa les bretelles de maillot pour se découvrir la poitrine sans seins, mais on pouvait les imaginer, et laissa pendre les bretelles sur les côtés et la partie dorsale de la pièce de tissu bleu élastique sur les fesses et l’arrière des cuisses, ce qui donnait, avec de la bonne volonté, l’illusion d’une queue de poisson, au moins pour elle et Pierre et c’est ce qui comptait puisqu’il étaient les rêveurs. Il fallait encore attacher Pierre au mat avec les cordes ébouriffées ramassées sur la plage. Il y eut discussion pour savoir si Pierre devait être lié nu au poteau, ils consultèrent le livre attentivement dans le texte comme dans l’image, il n’y avait aucun doute, Ulysse était attaché tout nu au mat et Pierre enleva le tee-shirt et le slip. Catherine l’attacha mais sans serrer trop fort et descendit par le rocher de proue dans les vagues haletantes. Elle se mit à chanter en inventant des mots : « Viens Ulysse, je t’aime, mon amour, vient me prendre, je languis … » et elle s’essayait aux mélodies envoûtantes comme dans les films. La mer montait et les vagues se fracassaient maintenant sur l’embarcation factice, la position de Catherine devenait difficile et elle chercha à grimper sur le rocher en se hissant avec les mains. Elle crut y arriver mais les bretelles du maillot de bain s’étaient prises dans les lassos de plantes gluantes et Catherine se retrouva prisonnière du rocher avec des vagues de plus en plus brutales. La situation devint critique et elle cria après Pierre qui, voyant le danger, se détacha et se déplaça à quatre pattes sur le rocher pour ne pas glisser sur les algues marrons agitant leurs enflures dans les ressacs, il arriva au bord du rocher, un peu en pente, tendit la main à Catherine qui la saisit et réussit à progresser lentement vers le haut tandis que des créatures avides, des tritons sans doute, lui tiraient le maillot vers le bas par les bretelles et découvraient progressivement ses fesses. C’est à ce moment précis que François Ferdinand arriva sur la corniche qui offrait un point de vue exceptionnel sur la mer et la plage et il aperçut Pierre, sur le rocher incliné et glissant, nu, à quatre pattes, le derrière aux mouettes, se penchant vers la nymphe qui se pendait à son cou, les cheveux dégoulinants et fessée par les vagues. De loin on aurait dit qu’elle tendait les lèvres à Pierre tout en l’attirant dans le chaudron écumant. Ferdinand en eu le souffle coupé, il s’étrangla et partit en courant et tirant le chien par la laisse. Ce dernier ayant buté dans un trou de lapin fut traîné comme une boite de conserve vide accrochée à une voiture de mariage jusqu’à la ferme. Ses gens accoururent aux cris et la dame relevant ses lourdes jupes traversa le champ d’avoine fraîchement coupé jusqu’à la ferme des goguettes. Celle ci était tenue avec son mari par une tante de Catherine qui l’hébergeait elle et sa mère Irène pendant l’été. Irène apportait avec elle sa machine à coudre et réalisait en échange de nombreux travaux de couture pour la famille de sa tante mais faisait aussi quelques affaires avec les autres paysans. Irène racontait aux gens, pour ne pas dire qu’elle était fille mère, que son mari était en chantier tout l’été. La dame arriva dans la cour essoufflée et toute rouge mais parvint à sortir quelques sons signifiants, Irène courut à la falaise tandis que la coursière poursuivait son marathon champêtre jusqu’au mobile home des parents de Pierre. Entre temps Catherine avait du abandonner son vêtement aux crabes et Pierre ne put remettre la main sur son caleçon emporté par une autre ondine, envieuse peut être. Catherine se noua la grande serviette de bain sous les aisselles, ce qui lui couvrit tout le corps mais laissait une large ouverture sur le côté dans les déplacements. Pierre enfila son maillot, heureusement assez long pour atteindre le haut de la cuisse, il l’étirait des deux mains vers le bas pour mieux se couvrir et en pliant légèrement les genoux comme le clown Zavatta. Ils prirent le chemin de la falaise, Pierre trottant comme un petit âne kabyle et Catherine marchant fière et droite comme une reine d’Afrique portant en équilibre sur la tête la jarre d’eau au village. Ils aperçurent les deux mères en furies qui s’approchaient à grandes enjambées, elles semblaient crier. Pierre et Catherine s’arrêtèrent et se regardèrent lèvres serrées, et l’instant d’après Pierre, qui n’avait même bébé jamais reçu de fessée, reçu la gifle de sa vie, il recula d’un mètre, il fut ensuite poussé dans le dos par sa mère qui criait « je t’apprendrai moi à respecter les filles, avance petit con ! » Elle lui donnait des tapes sur la nuque en le faisant trotter devant son ventre déjà assez rond : la petite sœur naquit quelques mois plus tard à l’anniversaire de l’armistice de la première guerre mondiale. Pierre entendit aussi derrière lui des pleurs et des cris : « Linotte ! À ton âge ! Tu n’as pas honte ? Tu sais pas ce c’est que les hommes !» Mais c’est la mère qui pleurait. Catherine n’avait pas honte, mais elle eut la tristesse que l’on a à cet âge, celle d’un déchirement. François Ferdinand, resté en arrière après avoir accompli ses devoirs d’informateur, réalisa qu’il tenait encore la laisse du chien et il se retourna : une masse grise et rouge agitée par des convulsions émettait des sons aigus comme un animal de caoutchouc pour bébé, il y avait des traînées de sang sur le trajet parcouru. François Ferdinand se plaça au milieu de la cour et, tournant sur lui même à la manière des lanceurs de marteau, mais sans la grâce et la technique, projeta la bête qui traversa les airs comme un volant de plage et tomba dans la fosse à purin où elle commença à s’enfoncer au milieu des bulles puantes éclatant à la surface. Emporté par son mouvement, François Ferdinand n’avait pas pris garde à la bouse que Martha, la plus expérimentée des dix vaches laitières de la ferme, avait délicatement posée sur le plateau en se rendant au pré et il exécuta un saut piqué avec réception sur le ventre et la tête dedans. Berthe, rentrée de sa course sortait les fers du four de la cuisinière pour le repassage et vit la scène par la fenêtre, elle sortit affolée en criant : « C’est t’y pas malheureux ! » Elle enfila ses sabots qui séchaient sur le seuil et se précipita dans la cour, saisit la louche à purin en bois avec un manche grand comme celui d’un râteau et courut à la fosse pour repêcher la pauvre bête sanglante et dégoulinante de merde, elle courut à la citerne, ses sabots éclaboussèrent de fiente de canards Ferdinand au passage qui en avala, elle rinça abondamment l’animal et courut à la cuisine pour le mettre dans le linge chaud qui lui servait de pattemouille. Godeliebe arrivait à ce moment précis, les bras chargés de rhubarbe.
– « Ma fille, va voir si tu peux faire quelque chose pour le petit monsieur dehors ! »
Godeliebe n’était pas sa fille, mais elle l’appelait toujours « ma fille ». C’était une dame de haute tradition flamande qui, en plus de son homme et de ses quatre gosses, s’occupait aussi à ses moments perdus, pour la détente, le commérage et quelques sous, de menus travaux dans les fermes voisines. Elle laissa tomber la rhubarbe sur le carrelage, mais peut être que c’était du sellerie en branche, et déboula dans la cour comme un bonhomme Michelin, saisit de ses grosses mains Ferdinand, une entre les jambes et l’autre sous la poitrine et courut à la même citerne que pour le chien, juste à côté de la soue. François Ferdinand fut dévêtu et douché à l’eau froide grâce à l’action d’une chaîne qui en libérait de grand paquets.
François Ferdinand, nu comme une grenouille, hurlait devant la truie étonnée en se touchant l’orifice anal et poussant des cris hystériques. Godeliebe eu des réflexes de bonne mère et elle réagit aussitôt avec le même amour que pour les siens : elle lui donna une bonne taloche et, s’asseyant sur le tabouret à vache, le coucha sur les genoux, le cul en l’air et dénicha d’entre ses fesses molles la motte dure qui gênait : elle l’extirpa avec ses gros doigts et lui flanqua une bonne claque sur les deux fesses :
– « Het verwarmt! »
Elle le pris sous le bras et rentra à la cuisine. Berthe donna à « sa fille » d’autres pattemouilles bien chaudes pour frotter le corps du petit monsieur de la ville, on l’enveloppa dans une grosse couverture qui gratte et puis :
– « Au lit !»
François Ferdinand garda pour pour lui l’évènement et il en rêvait encore quelques années plus tard dans son école de management en Angleterre. L’expérience lui fut utile après « the final examination » comme conseiller de campagne électorale du président de région : – « Il connaît le terrain ! » avait affirmé ce dernier.
Le petit chien eu quelques années de bonheur malgré les séquelles. On le poussait parfois gentiment du pied quand il était sur le passage, sommeillant sur la pierre bleue de l’entrée. Berthe prit l’habitude de le prendre le soir après le souper et il s’endormait dans le hamac du tablier entre ses jambes. Mais Pierre et Catherine eurent un autre destin. Pierre fut reclus au mobile-home trois jours et s’occupa de ses petits frères, et puis son père arriva, il avait un repos de quatre jours. Hélène ne raconta rien et Pierre eut quand même du plaisir à aller aux crabes comme un grand et à chercher des vers pour la pêche sur la plage à marée basse avec une grande pelle carrée. Quand ils remontaient par le chemin de la falaise Pierre jetait un œil à son embarcation disloquée dont le père ignorait l’histoire mais qu’il avait remarquée et qualifiée de cabane de Robinson Crusoé car son père aussi avait été gosse un jour. Pierre lui, cherchait des yeux l’ondine disparue et sans doute incarcérée dans une grotte sous-marine. Ils quittèrent la côte la semaine suivante et l’école reprit : Pierre débutait au Lycée.
Et Catherine ?
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